Le syndrome de Lynch est une prédisposition héréditaire aux cancers, en premier lieu desquels les cancers colo-rectaux et de l’endomètre chez la femme. Bien que recommandé, le dépistage gynécologique n’a jamais fait la preuve de son bénéfice. La chirurgie prophylactique par hystérectomie totale non-conservatrice peut être envisagée une fois le projet parental accompli. Actuellement, il existe peu de données concernant l’évaluation de cette chirurgie prophylactique dans ce contexte. Les objectifs de notre étude étaient d’évaluer la faisabilité et la morbidité de l’hystérectomie prophylactique chez les patientes présentant un syndrome de Lynch.
Il s’agit d’une étude rétrospective monocentrique descriptive portant sur les patientes consécutives bénéficiant d’une chirurgie prophylactique gynécologique à l’Hôpital Européen Georges–Pompidou de 2002 à 2016. Nous avons recueilli les caractéristiques démographiques, les résultats du bilan préopératoire, les données per et postopératoires, les résultats anatomopathologiques définitifs ainsi que les données du suivi postopératoires.
Quarante patientes ont été incluses, et 17 patientes avaient un antécédent de cancer colique opéré. Toutes les hystérectomies ont été réalisées par coelioscopie, dont 2 cas de laparoconversion. Deux complications peropératoires sont survenues: des plaies grêliques séreuses et une plaie vésicale superficielle. Deux complications postopératoires précoces sont survenues (une péritonite sur fistule grêlique et une plaie urétérale gauche) et deux complications postopératoires tardives (une fistule vésico vaginale et une occlusion sur bride). Avec un suivi médian de 28 mois [5–52], aucune patiente n’a présenté de cancer primitif péritonéal.
Notre étude montre que l’hystérectomie prophylactique dans le syndrome de Lynch doit être réalisée avec précaution. Les taux de complications per- et postopératoires semblent plus élevés que dans la population générale, probablement en lien avec des antécédents de cancer colorectaux plus fréquents. L’hystérectomie totale non-conservatrice semble cependant être un moyen efficace de prévention des cancers gynécologiques chez les patientes présentant un syndrome de Lynch.
Lynch syndrome (LS) is a hereditary predisposition to cancers, first of all, colo-rectal and endometrial cancers in women. Although recommended, gynecologic screening has never proven its benefit. Prophylactic surgery can be considered once the parental project is completed. There are few data regarding the assessment of prophylactic surgery. The objectives of our study were to evaluate the feasibility and morbidity of prophylactic hysterectomy in patients with Lynch syndrome.
This is a descriptive retrospective study of consecutive patients with LS undergoing prophylactic hysterectomy at the Georges–Pompidou European Hospital from 2002 to 2016. We collected demographic characteristics, results of preoperative assessment, intra- and postoperative data, final pathologic result as well as postoperative follow-up data.
Forty patients were included in the study, and seventeen women had a history of colon cancer surgery. All hysterectomies were performed by laparoscopy, with two cases of laparoconversion. Two intraoperative complications occurred: serosal small bowel injuries and superficial bladder injury. Two early postoperative complications occurred (a peritonitis on small bowel perforation and a peritonitis on left ureteral injury) and two late complications (vesico-vaginal fistula and adhesive small bowel obstruction). All operative specimens were benign. With a median follow-up of 28 months [5–52], no patient had peritoneal cancer.
Our study shows that prophylactic hysterectomy in Lynch syndrome should be done with caution. Per and postoperative complication rates appear to be higher than in general population, probably related to a more frequent history of colorectal cancer. However, total hysterectomy with bilateral salpingo-oophorectomy appears to be an effective strategy for preventing gynecological cancers in women with the Lynch syndrome.